Prendre sa place, une histoire d’accoudoir
Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une méthode pour prendre sa place que j’ai expérimentée récemment.
Est-ce que vous connaissez cette impression d’être invisible, quand vous vous faîtes bousculer dans la foule, doubler dans une file d’attente ou qu’on s’installe juste devant vous et que vous ne pouvez plus rien voir ? Je ne sais pas si vous avez remarqué mais en général, dans ces moments-là, on n’est pas en super forme, et cette sensation de ne pas exister n’arrange pas les choses.
Invisibilité
Il y a quelques jours, j’étais dans un état un peu « pataf », la tête dans les poireaux et somnambule. Je me lance pour un trajet de 5h de train (avec 3 changements) et je m’installe sur mon siège réservé « histoire d’être tranquille ». C’est alors qu’une famille de 8 étrangers (dont 5 enfants) prend place dans tous les sièges autour de moi, et une petite s’installe à mes côtés. Toute mignonne, blondinette, mais agitée comme une puce. Elle n’arrêtait pas de bouger, de se lever, s’allonger, rigoler, crier, donner des coups et s’affaler sur l’accoudoir. Et vous savez, l’accoudoir, c’est comme une frontière : « ceci est mon espace, ceci est ton espace ». La petite prenait de plus en plus de place sur l’accoudoir, et empiétait sur mon territoire, alors que je me recroquevillais contre la vitre, dans l’espoir de garder mon espace, sans contact ni conflit… Je me sentais vraiment invisible.
Bataille
Au bout d’un moment, j’ai commencé à me dire que ça ne m’allait pas, de me faire écraser par une petite fille. Du coup, dès qu’elle lâchait l’accoudoir, je m’y installais en me disant que ça stopperai son expansion : « tu parles, que néni ! » Elle s’est mise à presser mon bras pour regagner sa place.
Comme la méthode douce n’avait pas marché, j’ai tenté la méthode conflit : résister avec mon bras, puis repousser le sien petit à petit. Bien entendu, elle a renchéri avec la même méthode, et j’ai finalement abandonné (avec un soupir bruyant pour qu’elle comprenne que je n’étais pas contente. Oui, je sais être très mature de temps en temps :p )
Alors certes, vous me direz, la méthode conflit m’a permis de vaincre l’invisibilité : elle avait bien remarqué ma présence. Mais ce n’est pas pour autant que mon espace était respecté.
Respect
C’est alors que je me suis rappelé un conseil qu’on m’avait souvent donné : « augmente ton énergie et occupe ton espace ». Jusqu’à maintenant, je me disais « OK, ça a l’air génial mais je ne vois pas comment faire ». Et dans ce train, avec Miss Accoudoir, j’ai compris.
J’ai visualisé dans ma tête mon aura, l’espace dont j’avais besoin, et je l’imaginais « plein » comme s’il avait une texture, et qu’on ne pouvait pas rentrer dedans. Et la petite a commencé à s’éloigner, à se ranger de l’autre côté de son siège. Nous avons passé le reste du trajet sans utiliser l’accoudoir ni l’une ni l’autre, elle a sorti un bouquin et l’a lu bien sagement, sans empiéter sur mon espace.
Alors la prochaine fois que vous vous sentez invisible, essayez ! Et racontez-moi comment ça s’est passé 😉
Image © Nina Folie
J’aime beaucoup ton article. C’est tellement vrai ! Ce qui se passe autour de nous parle de comment on occupe cet espace en nous. Et c’est amusant, parce que j’ai eu la même question d’accoudoir avec un homme dans l’avion au retour de Montréal !
Merci Maïtie, tu as tout à fait raison 🙂
Parfois la Vie nous amène des petits rappels via des situations anodines comme l’accoudoir, et ça nous permet vraiment d’aller expérimenter comment prendre sa place. C’est chouette que ça te sois aussi arrivé !