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L’élégance naturelle du Kimono : balade dans les temples

Comme je vous l’avais promis dans mon dernier article, je vous raconte maintenant ma balade en Kimono dans les temples d’automne.
Je vous préviens, l’article est plus long que d’habitude. Je tenais vraiment à vous raconter tout le déroulement de la journée 🙂

Première étape : Tofukuji

Nous partons donc, ma propriétaire escortée de ma colocataire et moi, vêtues de ses kimonos de jeune fille. Notre première escale est le Tofukuji, un temple réputé pour sa mer d’érables.
Nous prenons les premières photos sous les érables qui commencent à rougir, puis nous enfonçons au cœur de la forêt. Je suis impressionnée par la posture naturelle et la démarche que le kimono fait prendre à mon corps. Je me sens femme, élégante, distinguée, et c’est un vrai plaisir que d’évoluer ainsi.

Nous nous arrêtons sur une petite esplanade pour prendre de nouvelles photos. Comme il y avait foule, nous attendons que l’espace se dégage pour aller prendre la pose. C’est à ce moment là que les japonais autour s’attroupent et nous demandent s’ils peuvent eux aussi nous photographier. Sous le feu de ces premiers projecteurs, je rougis tout en me demandant quelle pose je devrais prendre.

Kimono au Tofukuji

Je vais faire un petit aparté. Il faut savoir que Kyoto est un des lieux les plus touristiques au moment des couleurs d’automne (une visite de 30min peut prendre jusqu’à 3h à cause de la foule). C’est aussi une superbe occasion de vêtir l’habit traditionnel, et on peut donc voir, en plus des magnifiques couleurs de la nature, quantité de gens en kimono évoluer dans les rues (souvent les mêmes, sortis des magasins de location). Or, il se trouve que le jour de notre balade, en plein cœur de la saison, les touristes étaient rare, et les kimonos encore plus.

Au Tofukuji, nous étions donc les seules en habit traditionnel, qui plus est d’une qualité très différente de ceux de location.
Après notre moment « star » sur la plateforme, nous nous faisons arrêter encore deux fois pour être photographiées puis nous rendons vers notre prochaine étape .

Deuxième étape : Sannenzaka et Ninenzaka

Sannenzaka et Ninenzaka sont les deux rues traditionnelles par excellence de Kyoto, qui sont remplies de badauds quelle que soit la saison.
En nous dirigeant vers la première rues, nous croisons un groupe de collégiennes en uniforme, qui s’écrient en nous voyant « Kawaii ! » (on pourrait le traduire par mignonnes, ou adorables). Je leur fait un grand sourire, et elles reviennent sur leur pas, toutes timides, pour nous demander si elles peuvent prendre une photo avec nous. (C’est elles qui sont adorables !)
Je me sens de plus en plus comme une star. C’est assez bizarre, c’est amusant, et surtout, c’est très flatteur ! 🙂

En arrivant à la première rue, quelle n’est pas notre surprise en voyant qu’il n’y a pas un chat ! (Enfin si, des chats il y en avait, mais des humains, que nenni !) Nous pouvons donc prendre des photos à foison, sans personne en arrière plan (un miracle).p1420453
Nous faisons ensuite une petite pause dans un café. La maîtresse des lieux s’extasie devant nos tenues, et je vois ma propriétaire se mettre à rayonner tandis qu’elle présente avec fierté les kimonos de sa jeunesse, cousus par sa mère et elle.
Nous reprenons ensuite notre marche et nous arrêtons dans un parc non loin prendre de nouvelles photos, puis montons dans le bus pour notre prochaine destination : le temple Nanzenji.

Troisième étape : Nanzenji

Dans le bus, ma propriétaire et mois remarquons que les deux femmes âgées assises à côté se sont mises à commenter nos tenues. Je les remercie des compliments, et ma propriétaire, de plus en plus rayonnante, se lance dans une nouvelle présentation de nos kimonos. Les trois commencent alors une discussion passionnée, comme quoi ça les rend heureuses de voir des kimonos bien portés, qu’elles ne peuvent plus en mettre à cause de leur âge et de leurs maux de hanches, et à quel point elles sont déçues car les jeunes japonaises n’en portent plus, même leurs filles ne sont pas intéressées…

Nous arrivons à destination, coupant court leur conversation, et nous retrouvons époustouflées par la splendeur des couleurs qui nous attendent au Nanzenji. Un dégradé de nuances, avec un rouge prédominant, éclatant comme je n’en avait jamais vu dans la nature. « Ah, c’est ça, les couleurs d’automne au Japon. En effet, je ne les avais pas vues jusque là. C’est sublime. »
Me retrouver en kimono environnée de tant de beauté est un délice, extrêmement précieux. 2016-11-16-12-49-06
Après quelques photos, nous nous hâtons vers notre prochaine escale, le temple voisin Eikandô Zenrinji, qui est apparemment le plus coloré ce jour-là.

Quatrième étape : Eikandô

En effet. Ouah ! Les photos ne rendent pas gloire à ses parures naturelles. Les touristes, si. Nous rencontrons enfin la foule, bien que légère pour la saison.
Nous nous déchaussons pour entrer dans le temple voir une fameuse statue de Bouddha qui regarde sur le côté. Délassés de leurs chaussures, mes pieds se mettent à revivre, et je prends conscience d’à quel point il me lançaient. Eh oui, les chaussures traditionnelles ne sont pas de tout confort. ^^

Après avoir admiré la beauté du jardin, agenouillée dans mon kimono, je me fais arrêter par deux femmes qui complimentent ma tenue. Dès que ma propriétaire me remarque en pleine conversation, elle accoure en trottinant pour présenter nos habits. Elle vraiment l’air aux anges de voir revivre ses kimonos, et de pouvoir les montrer au monde.
Quelques escaliers (à monter de côté car on ne peut pas écarter les jambes) et un ajustement de ma tenue (apparemment, j’ai les hanches trop fines 😮 ) plus tard, nous nous rendons au jardin. Kimono EikandoAprès un nouveau quart d’heure « star » sur un petit pont face au lac, nous faisons la rencontre d’un groupe de trois japonais qui s’extasient sur nos habite. Une fois la présentation de ma propriétaire et la discussion de coutume sur les jeunes qui délaissent les kimonos achevées, nous nous séparons… Pour nous retrouver cinq minutes plus tard dans l’espace thé face au lac.
Je laisse chacun discuter avec plaisir, et me concentre sur mes sensations, à boire mon thé dans cette tenue, dans cet espace. Je me laisse partir avec mon imagination et me retrouve il y a quelques siècles.
Je sers le thé à mes camarades et me surprend à reproduire à l’identique les gestes expliqués dans Mémoires d’une Geisha. D’une posture très droite et distinguée, j’attrape la théière d’une main délicate et frôle le couvercle de l’autre main pour le retenir, tout en laissant la peau de mon poignet se dévoiler légèrement.Rencontre à EikandoUne fois que tout le monde a terminé son en-cas, je suis complètement dans un autre temps, et il me faut un moment pour revenir au présent et rejoindre le petit groupe.

Cinquième étape : Honen-in

La journée avance bien, et mon corps commence à le sentir. Je rassemble mes dernières forces pour la cinquième et dernière étape de notre balade, le Honen-in, un petit temple au milieu de la forêt.
Après quelques photos devant la porte au toit végétal, nous faisons rapidement le tour des lieux. Je crois que je ne suis pas la seule à sentir la fatigue car, à peine installée dans le bus du retour, ma propriétaire s’endort à poings fermés. Pour les derniers mètres jusqu’à la maison, ma colocataire et moi nous agrippons l’une à l’autre, aucune de nous ne sentant plus ses pieds. Il ne nous reste plus qu’à enlever nos kimonos avant de pouvoir réaliser notre rêve commun : s’affaler dans nos lits respectifs.Honen-inCela s’est d’ailleurs révélé beaucoup plus facile que ce que j’imaginais. Une fois la ceinture principale enlevée, les couches tombaient une à une et en 10min nous étions de retour dans nos habits de tous les jours. Il nous a par contre fallu 30min pour nous habiter à la sensation : plus de ceinture pour nous soutenir le dos, une liberté de mouvement décuplée et surtout, une légèreté déconcertante.

 

Malgré la fatigue corporelle qui m’a suivie pendant quelques jours, ça a été une magnifique expérience pour moi. J’ai hâte de pouvoir la renouveler, et je songe même à prendre des cours pour m’habiller seule.

Et racontez-moi, est-ce que vous aussi, ça vous donne envie de sentir cette élégance naturelle apportée par le kimono ?

Image © Nina Folie