Méditation
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La méditation Zen au Japon

Vous commencez peut-être à me connaître, j’aime la spiritualité, la discipline, en particulier si je peux les trouver au Japon. Et comme je vous en avais déjà parlé dans mon premier article, j’aime aussi méditer. C’est pourquoi j’étais forcément attirée par la méditation zen, dite « Zazen », superbe alliage des deux.

Ce que j’en savais avant d’y aller pour la 1ère fois, c’est que c’est une des méditations les plus strictes : on doit s’asseoir en lotus, les mains dans une certaine position et le moine vient vous frapper avec un stick si vous n’êtes pas assez concentré.
Bon, cette dernière partie n’est peut-être pas si attirante que ça, mais ça ne suffisait pas à me dissuader d’aller tester.

Arrivée

J’ai donc réservé dans un de mes temples préférés, Daisen-in, situé dans l’enceinte du Daitokuji. En arrivant, on m’a donné un feuillet explicatif, sur lequel était notamment noté que le moine viendrait nous frapper les épaules avec son bâton (appelé Kyôsaku), et que si l’on veut plus se faire taper, il suffit de le demander. (Quand j’ai lu ça, oui, j’ai ri ^^)

Des coussins sont alignés dans l’espace face au jardin zen, et je m’y installe entourée des amis qui m’ont accompagnée. Chaussettes et bijoux ôtés, je commence à rentrer dans l’instant présent.

Dans la mer de gravier blanc qui me fait face, deux monticules parfaits viennent briser la régularité des vagues, offrant à l’œil attentif la conscience de l’harmonie qui règne. Au loin, un arbre inhabituel vient poser ses racines dans un champ de mousse, amenant la profondeur de la Terre, la Vie, au paysage.
Je respire.

Instructions

Le moine passe devant nous pour nous donner les instructions.
Assis en position du lotus, avec 1 ou 2 jambes levées, les mains ramenées formant un cercle en-dessous du nombril. C’est le centre de notre énergie, et nos mains la catalysent dans son passage.
On se tient droit, le regard bien en face, et on baisse les yeux de 45°, sans les fermer. Ce n’est qu’au bout de 6/8 méditations que j’ai compris le truc : quand on baisse les yeux, il ne s’agit pas de laisser la paupière en haut (sinon les yeux sont grand ouverts et ça, ça fatigue et ça fait mal, je vous assure) mais qu’ils soient mi-clos alors que la tête, elle, reste droite.

Frappe… ?

Arrivent enfin les explication du bâton de frappe. Des mains jointes, on signale au moine que l’on souhaite son action. On s’incline face à lui et on garde la position tête baissée pendant qui nous frappe 2 fois sur chaque omoplate.
Tchak Tchak ! Tchak Tchak ! On se redresse et le salue à nouveau pour le remercier, le tout sans un mot. Il vérifie qu’on est bien droit en plaçant son stick à la verticale face à nous, puis repart faire les cent pas, en gardien de notre méditation.

Une fois la méditation commencée, il viendra nous frapper une fois chacun pour que l’on ressente ce que ça fait.
Pendant ses explications, il fit une démonstration sur mon voisin. Le son de la frappe à mes oreilles était vraiment impressionnant. J’avais l’impression de sentir la douleur sur mes omoplates rentrer par mes tympans.
C’est pourquoi, quand j’ai senti mon tour arriver, je me suis mise à baliser.
« Non, je ne peux pas m’infliger cette douleur, faut que je lui dise que je passe mon tour »
« Oui, mais je sui là pour expérimenter, je vais le regretter si je ne le fait pas »
« Non, mais j’ai peur quand même »
« Oui, mais j’ai envie de savoir quand même »
« Non, mais… »
« Oui, mais… »
Et le moine se tenait devant moi.
Et je me suis inclinée.
Et il m’a frappée.
Et je me suis relevée.
Je sentais la rougeur dans mon dos, celle accompagnée de picotements comme une gifle. Et je sentais mon corps léger, mon torse s’ouvrir à l’air qui circule, et je me sentais digne, droite, simple. C’est assez étrange a expliquer.
Toute ma conscience allait sur cette zone rouge, et mes pensées n’étaient plus, il n’y avait déjà plus de douleur, elle n’avait duré qu’un instant.
Et je me sentais présente, dans l’instant.

Expérience

Bien sûr, le temps avançant les bénéfices s’estompent et je me retrouve à me concentrer pour méditer. Je sens mes jambes tirer mes yeux fatiguer, mon corps s’affaisser, et je garde le cap. Je me redresse, respire là où ça fait mal et recommence, encore et encore.

Une cloche cristalline me ramène sur Terre. En fait, j’étais partie vraiment loin dans ma conscience et dans ma concentration. Nous nous inclinons tous face au moine et la méditation se termine avec un thé japonais, à bavarder tranquillement avec le moine.
En partant, je me sens bien, droite, légère. Tout est clair et posé à la fois. Je suis calme.

Depuis, j’y suis retournée. J’y vais presque toutes les 2 semaines.
Il y a des fois où je demande beaucoup le bâton, pour m’aider à me concentrer,
des fois où je décide de méditer sans,
des fois où je suis très présente et d’autres où je me laisse emporter par mes pensées,
des fois où ça passe très vite et d’autres où le temps reste bloqué,
des fois où j’expérimente de me concentrer sur tel ou tel point
et des fois où je reste dans le silence de l’instant.

Et chaque fois, je repars sereine, posée, heureuse et relaxée.

Et vous, quelle est votre expérience de la méditation ?